Ecrire son roman
Publié le 15 janvier 2024
Concernant l’apprentissage de l’écriture, certaines idées font figure de lieu commun. Les formations à l’écriture littéraire ne serviraient à rien. Pour apprendre à écrire, il suffirait de lire et puis c’est tout.
Nota bene, mon objectif n’est pas (uniquement) de vous inciter à vous inscrire à des formations, les miennes ou d'autres. Ce qui m'intéresse ici, c'est avant tout d'interroger notre rapport entre lecture et écriture.
Personnellement, pendant des années, j’ai lu un ou deux romans par semaine sans écrire une ligne à côté. J’ai travaillé en médiathèque et j’ai côtoyé un nombre impressionnant de lecteurs et lectrices boulimiques qui se trouvaient dans mon cas.
Honnêtement, j'espère que personne n’irait tenir des propos identiques concernant les autres formes d’expression artistique.
Tu veux apprendre à peindre ? Contente-toi de courir les musées ou les galeries.
Tu rêves de jouer de la guitare ? Écoute en boucle Jimmi Hendrix, cela devrait suffire.
Plus sérieusement, pour devenir bon dans un domaine, il faut :
Si vous ignorez tout de la perspective, vous aurez du mal à peindre un sujet figuratif à peu près réaliste.
De même, écrire un roman s'avérera un brin ardu si vous n'avez qu'une idée approximative de ce ce que constitue un point de vue narratif. _Spoiler : il s'agit d'une question très complexe, un peu plus compliqué que de décider si l'on écrit à la première ou à la troisième personne du singulier. _
Évidemment, tout n’est pas faux à 100 % dans cette idée que lire constitue une étape indispensable à la formation de l’écrivain. Lire est important pour enrichir son vocabulaire, développer son empathie et affûter son sens de l’observation, intégrer les différents schémas narratifs.
Simplement, lire n’est pas non plus suffisant pour apprendre à écrire. Et surtout, il s'agit d'un conseil beaucoup trop vague.
Au fait, que signifie lire exactement ? Au risque de surprendre beaucoup d'entre vous, il n'existe pas de réponse unique à cette question.
Michel Picard est un critique français qui a rédigé en 1984 un essai intitulé La lecture et le jeu.
Il y distingue le lisant du lectant.
Qu'est-ce que cela signifie ? Eh bien, en gros : lorsqu'une histoire nous embarque, nous ne disposons plus du recul nécessaire à une démarche d'analyse.
Pour tirer un bénéfice professionnel de sa lecture, il faut donc se positionner en tant que lectant.
Une première remarque : il existe différents lectants car on peut analyser une œuvre avec différents objectifs. Le plus courant est celui poursuivi par l'école et par l'université.
En France, les facultés de lettres modernes forment des enseignants de français, nullement des écrivains. L'objectif de ces études est donc essentiellement d'apprendre à lire comme un prof. C'est tout à fait honorable, mais cela n'aide pas particulièrement à produire de la littérature.
Lire comme un écrivain constitue une démarche très différente. Cela implique d’avoir une pratique, même amateur de l’écriture littéraire, afin de pouvoir se poser des questions pertinentes qui nourriront et feront évoluer sa prose.
Cela suppose également de pouvoir décortiquer les œuvres sous un angle technique et donc de connaître les divers procédés narratifs, stylistiques et dramaturgiques. Il va de soi que l’on peut apprendre ces procédés ailleurs qu’en formation (encore faut-il les connaître), simplement cela s'avère plus long et hasardeux
Il n’existe pas de liste de livres préétablies à lire absolument. Mon seul conseil serait de diversifier vos lectures. Votre personnalité littéraire sera plus d’autant plus originale que vous avez aurez ingéré et digéré des œuvres variées.
Cela implique de s’intéresser à des époques différentes, à des genres littéraires différents, à des cultures et des pays différents. En bref, évitez de vous cantonner aux écrivains français contemporains de littérature générale.
Autre remarque : Selon moi, il importe de ne pas lire uniquement des œuvres considérées comme de haute qualité. Eh oui, on apprend beaucoup à la lecture de livres imparfaits : ils éveillent l’esprit critique, ils poussent à se demander pourquoi tel aspect d’un roman ne fonctionne pas et comment l'on aurait pu procéder pour aboutir à un résultat plus convaincant.
Enfin, lire comme un écrivain implique de relire souvent les mêmes livres (de préférence ceux que l’on a aimé, pour le coup on va éviter le masochisme). Cela évite justement cette anesthésie de l’esprit critique lors de la première lecture. Cela permet aussi de découvrir d’autres aspects plus subtils d’une œuvre, des détails qui nous avaient d’abord échappé.
Cette liste n’est pas exhaustive, mais constitue un bon point de départ.
E**nfin, un dernier conseil : prenez l’habitude de lire avec un carnet et un crayon à portée de main – ou bien souligner et annoter s’il s’agit de vos propres livres.
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